Fillon réaffirme que la réforme des régimes spéciaux ne sera pas repoussée

PARIS (AFP) — Le Premier ministre François Fillon a réaffirmé vendredi que la réforme des régimes spéciaux ne serait pas "repoussée", tout en soulignant que la négociation était "continue", à quelques jours de la grève prévue le 14 novembre contre cette réforme.

"C'est une réforme absolument nécessaire, personne ne peut penser qu'elle puisse être repoussée", a-t-il déclaré à la presse en marge d'une visite du chantier du TGV Lyon-Turin. "C'est une réforme qui a été faite pour 25 millions de Français déjà", a-t-il souligné, estimant que "tout a été dit".

Le chef du gouvernement a précisé que "la négociation est continue". "Il y a encore des discussions possibles sur beaucoup de sujets mais sur le principe la réforme doit se faire", a-t-il martelé.

La quasi-totalité des syndicats des entreprises touchées par la réforme des régimes spéciaux de retraite appellent à participer à la grève le 14 novembre, même si certains sont ballottés entre les ultimes propositions du gouvernement et sa détermination à ne rien céder sur le fond.

Ainsi, l'ensemble des fédérations de l'Energie ont décidé de s'engager dans le mouvement, après que CFDT, CFE-CGC et CFTC eurent rejoint jeudi CGT et FO qui avaient appelé le 31 octobre. Les syndicats autonomes (Unsa), indépendants (FSI) et CFTC de la RATP, ainsi que la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC de l'énergie (EDF-GDF), ont annoncé jeudi qu'ils se joignaient aux appels à la grève le 14 novembre contre la réforme des régimes spéciaux de retraite.

L'Unsa, deuxième syndicat de la RATP (représentant 21,12% des salariés) a déposé un "préavis de grève illimité à partir du mercredi" 14 novembre, sur le réseau Bus, Métro et RER, a indiqué un de ses porte-parole jeudi à l'AFP. L'Unsa "stations" (personnel non roulant), a en revanche indiqué avoir déposé un préavis de grève de 24 heures pour la journée de mercredi. La Fédération des syndicats indépendants (8,67%) a également annoncé avoir déposé un "préavis illimité à compter du mercredi 14 à 04h00 du matin" en dénonçant la "situation de blocage de la direction" sur les négociations sur la réforme des régimes spéciaux.

La CFTC (2,33%) appelle de son côté à une grève de 24 heures. Après la CGT (36,89%) et Sud (6,71%), l'Unsa, la FSI et la CFTC sont ainsi les troisième, quatrième et cinquième syndicats de la RATP à s'engager dans le conflit. FO (8,75%) envisageait jeudi en fin d'après-midi de faire de même, selon une source syndicale.

Les syndicats de la RATP, EDF et GDF avaient jusqu'à minuit jeudi pour déposer un préavis, cinq jours avant la date prévue du mouvement, le mardi 14 novembre.

Dans l'Energie, où la CGT (53%) et FO (15,8%) ont appelé à la grève depuis mercredi dernier, les trois autres syndicats représentatifs du secteur, la CFE-CGC (8,5%), la CFDT (19%) et la CFTC (3,5%) ont attendu de connaître les propositions des employeurs jeudi au cours d'une réunion de la commission paritaire de branche sur la réforme des régimes spéciaux, pour se prononcer. La CFDT a estimé que "rien de concret, ni de suffisant" n'était sorti de cette réunion. "Dans ces conditions, nous appelons à la grève le 14, sous réserve de la validation par nos instances, vendredi", a expliqué Marie-Hélène Gourdin (CFDT).

"Force est de constater que, malgré le fait que trois organisations syndicales aient accepté d'ouvrir des négociations, les représentants des employeurs de la branche sont restés sourds aux demandes des syndicats", a affirmé pour sa part la CFE-CGC.

"On est particulièrement amer. On a joué le jeu (...) mais nos employeurs ont refusé d'ouvrir des négociations", a déclaré à l'AFP Jean-Claude Pelofy (CFE-CGC). "Compte tenu du peu d'avancée" au cours de la commission paritaire, la CFTC appelle "sans surprise" à la grève, a indiqué Dominique Villers (CFTC) à l'AFP.

Les trois syndicats n'appellent pas à une grève reconductible, ni à des actions sur l'outil de travail, contrairement à la CGT et FO.

A la SNCF, où sept fédérations de cheminots sur huit ont confirme jeudi leur appel à une grève "illimitée, reconductible par 24 heures", la direction espérait encore attirer un ou plusieurs autres syndicats vers la négociation, à laquelle seule la Fgaac (agents de conduite autonomes), qui n'appelle pas à la grève, participe pour l'instant.

Bruno Duchemin, le secrétaire-général de la Fgaac, qui représente 30% des conducteurs, estime que la grève est "très politisée", et fait le "pari d'obtenir plus par la négociation", dans la Croix datée de vendredi. L'entreprise ferroviaire, qui espère isoler le noyau dur (CGT, Sud Rail, FO), tient en main une enquête Ipsos selon laquelle "une grande majorité de cheminots estiment que la réforme est inéluctable et se montrent ouverts à la négociation".

Les conclusions du sondage, réalisé du 4 au 6 octobre, sont reprises dans le journal interne de la SNCF (Les Infos). Jeudi, la présidente, Anne-Marie Idrac, a écrit à chacun des 160.000 cheminots - initiative rare - pour leur faire part des "propositions concrètes" de la direction de la SNCF sur la réforme. Didier Le Reste, secrétaire général de la CGT-cheminots (majoritaire) a dénoncé cette démarche "d'intimidation pour dissuader les cheminots de se mettre en grève".

Une deuxième réunion est programmée vendredi, tout comme celle prévue dans le cadre du préavis de grève des sept fédérations de cheminots.

Mardi soir, sans rien céder sur le fond de la réforme, le ministre du Travail, Xavier Bertrand, est sorti d'un silence d'une semaine, en présentant d'"ultimes propositions". Il a précisé que ces dernières ne s'appliqueront dans les secteurs concernés que quand "un nombre significatif" de syndicats "se seront engagés dans les négociations", liant ainsi le sort des non grévistes à celui des grévistes. Une précision qui risque d'attiser les divisions syndicales.

Dans le même esprit, Mme Idrac brandit dans sa lettre aux cheminots le spectre d'un "divorce avec les Français" en cas de grève.





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