Le septicisme comme mode de pensée : une prime aux
conservatismes

 




par
Jean KASPAR, Consultant en Stratégies Sociales.

L’évocation d’un éventuel projet de fusion entre l’UNSA et la CFE-CGC a donné lieu à une série de commentaires plus affligeants les uns que les autres. On a ainsi pu lire ou entendre des formules comme : « le mariage de la carpe et du lapin », « un big-bang syndical », « une arithmétique sommaire », « un séisme dans le paysage syndical » ou encore « quel est l’intérêt d’une telle fusion ? ». Très souvent ce sont les mêmes qui colloquent, dissertent, commentent ou critiquent l’émiettement syndical français, la division des organisations syndicale et leur incapacité à construire, dans la durée, des convergences.

Pour ma part, je me réjouis de voir que deux organisations syndicales se posent la question de leur éventuelle refondation. C’est un acte courageux, lucide qui peut être porteur d’avenir.

Courageux, parce qu’elles devront préciser le sens de leur démarche en montrant que cela peut devenir autre chose qu’une simple addition.
Courageux, parce qu’il faudra apprendre à travailler ensemble, dépasser chacune de leur histoire pour construire une culture et une histoire communes. Courageux enfin, parce qu’il faudra convaincre leurs militants et leurs adhérents pour que ces derniers ne restent pas enfermer dans leur patriotisme organisationnel et cela ne sera pas la chose la plus facile.

C’est aussi un acte lucide. L’émiettement syndical est le résultat de l’histoire et d’un enfermement idéologique pour certains. S’il ne faut pas ignorer l’histoire et les différences qui peuvent exister entre les organisations syndicales, il ne faut pas non plus rester prisonnier de l’histoire ou faire des différences entre les organisations syndicales, des frontières infranchissables. Ce qui doit compter, ce n’est pas le regard nostalgique sur le passé mais les défis que le syndicalisme doit relever pour continuer à être un producteur de justice,d’émancipation, de solidarité et de liberté.

L’émiettement syndical de notre pays n’est bon ni pour le syndicalisme, ni pour l’efficacité du dialogue social, encore moins pour les salariés. Le chemin choisi par l’UNSA et la CFE-CGC n’est pas facile. Il est semé d’embûches et de difficultés. Par cet acte, ces deux organisations traduisent concrètement l’idée qu’un syndicat n’est pas une fin en soi. Il est un outil indispensable au progrès économique, social, culturel et démocratique et comme tout outil,le syndicalisme doit s’adapter, évoluer et éventuellement se reconfigurer pour être toujours plus efficace. D’autres pays l’ont fait. Pourquoi le syndicalisme français serait-il condamné à être incapable de transcender son histoire pour un avenir plus prometteur ?

Entre le scepticisme et l’optimisme, je choisis l’optimisme de la raison et de la volonté pour juger un tel événement.





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