Alain Olive : "Nos actions sont un galop d'essai pour septembre"
Le secrétaire général de l'UNSA explique les enjeux de la nouvelle journée de mobilisation intersyndicale organisée demain pour exiger notamment une hausse du Smic et la restriction des licenciements.
Stéphane Soumier : Le climat social n'a-t-il pas radicalement changé depuis un mois ? L'espèce de climat prérévolutionnaire que certains décrivaient nous a-t-elle aujourd'hui abandonnés ?
Alain Olive : C'est un jugement un petit peu rapide. Ce que je veux dire c'est que la radicalisation est toujours là. On le sent dans les entreprises. Et les plans sociaux qui ont été annoncés n'ont sans doute pas produit tous leurs effets. On va les sentir à la rentrée.
Je crois qu'il faut aussi être très attentifs à ce qui va se passer chez les jeunes : on va avoir à la rentrée près de 650 000 jeunes de moins de 25 ans au chômage, c'est énorme. Dans certains départements, ce qui nous remonte, c'est que le chômage des jeunes va faire de bonds de 20 à 40 %. Donc faisons attention à ne porter de jugements hâtifs.
Comme la loupe médiatique que sont les séquestrations de patrons a disparu la question se posait de savoir si les choses s'étaient calmée.
Oui, bien sûr. Dans ces moments-là, quand on est salarié dans des entreprises qui souffrent, on est toujours partagé entre la fatalité -on rentre les épaules et on courbe la tête en espérant que l'on ne va pas être touché - et puis les radicalisations dont on parlait. Ce qui importe pour nous organisation syndicale aujourd'hui c'est surtout de mettre l'accent sur l'utilité de notre travail et son efficacité, à la fois dans les entreprises où il ne faut jamais oublier que ce sont aujourd'hui les syndicats qui tiennent la baraque à la fois dans la négociation des plans sociaux, des indemnité etc.
Mais aussi ensuite au niveau des territoires, où je crois qu'il se met en place autour des préfets, des maisons de l'emploi, des missions locales, etc. une sorte de dialogue social territorial que notre pays ne connaissait pas : on va travailler sur les plans de formation, on va anticiper les besoins des entreprises et les plans qui s'annoncent... Bref, il y a des choses qui se passent.
Et puis bien sûr au niveau national, nous avons un rôle à jouer. J'ai toujours dit depuis le début de cette crise que nous étions face à une gestion difficile, qu'il fallait l'inscrire dans la durée, et je crois que c'est le cas avec les actions qui sont scandées par les organisations syndicales, autour d'une plateforme de propositions et de l'unité syndicale. Je vous le fait remarquer quand même parce dans notre histoire sociale c'est rarissime.
On n'en parle jamais de ces propositions : on a l'impression qu'elles sont là pour la vitrine et vous-même ne nous parliez-vous pas de votre démarche qui est une démarche d'accompagnement et de la nécessité d'avoir des moments de démonstration ?
Mais ça c'est notre histoire Monsieur Soumier. On n'échappe pas à ça. Mais reconnaissez quand même que si le 18 février il y a eu, par exemple, une amélioration de l'indemnisation du chômage partiel, c'est à la journée de janvier qu'on le doit.
Quant à nos propositions, sur les jeunes par exemple, je crois que le plan qui a été fait autour de l'apprentissage et l'alternance est insuffisant : il faut aller beaucoup plus loin. Là il faut mettre le paquet, y compris sur les emplois aidés dans le secteur non marchand. Je crois que là il y a une urgence. Je sais que Martin Hirsch y travaille mais ça tarde, on ne voit rien venir. La rentrée va être là et on va se retrouver comme je vous l'ai dit avec 650 000 jeunes au chômage.
Et il y a d'autres propositions : ce sont les propositions traditionnelles que le gouvernement rejette parce qu'il pense qu'il n'est pas encore en mesure de les reprendre. Je suis persuadé que toutes les actions que nous menons, c'est un galop d'essai pour ce qui va se passer en septembre et que le gouvernement et le Président de la République savent qu'en septembre il faudra qu'ils lâchent du lest.