Conseil général : « Le silence est plus tapageur que tout ! »

 Jacqueline Prudent, qui, après 24 ans en charge des finances au conseil général, s'apprête à prendre sa retraite, a reçu les insignes de chevalier de l'ordre national du Mérite (photo Philippe Gillet)
Jacqueline Prudent, qui, après 24 ans en charge des finances au conseil général, s'apprête à prendre sa retraite, a reçu les insignes de chevalier de l'ordre national du Mérite (photo Philippe Gillet)
L'opposition au conseil général a boycotté lundi la parole lors de la fin du débat budgétaire. afin de répondre au boycott de la majorité de l'assemblée générale de l'Association des maires de la Côte-d'Or.

Après la demi-salle vide, la demi-salle silencieuse. Lors du dernier jour de session budgétaire, lundi au conseil général, l'opposition de gauche a fait sienne cette formule de la romancière Amélie Nothomb : « Le silence est plus tapageur que tout ». Le groupe des Forces de progrès, d'habitude très volubile lors de l'examen des budgets primitifs, n'a, ainsi, dit mot (sans consentir bien sûr). après la journée de vendredi, qui avait fait grand bruit, où la majorité avait boycotté l'assemblée de l'Association des maires de la Côte-d'Or présidée par François Rebsamen. Si bien que le vote du budget primitif 2007, s'élevant à 491,4 M€ (voir encadré)â est intervenu particulièrement rapidement : celui-ci fut adopté par 22 voix, 19 élus de prononçant contre (la gauche + le conseiller général DVD de Seurre, Jean-Noël Couzon) et deux choisissant l'abstention (le conseiller général PRG de Baigneux-Les Juifs, Fernand Mousseron, et l'édile du canton d'Auxonne, Antoine Sanz).
Les Forces de progrès ont, pour enfoncer le clou, boycotté le traditionnel déjeuner de fin d'année et la remise des insignes de chevalier de l'Ordre national du Mérite à la directrice générale adjointe Jacqueline Prudent.
Ce qui leur a valu, dans l'après-midi, les foudres de la majorité. Ainsi le président UMP du conseil général, Louis de Broissia, n'a-t-il pas mâché ses mots : « Je cherche la stratégie de l'opposition. Celle de la majorité, c'est-à-dire faire marcher la Côte-d'Or, nous la connaissons. La gauche n'a comme seule tactique que d'affaiblir la seule assemblée qu'elle ne contrôle pas. Heureusement que le Département possède notre majorité ! »
Après le poids du silence le choc des mots.
Le 1er vice-président UDF, François Sauvadet, a, quant à lui, cherché à prendre du recul : « Je regrette que tous n'aient pas été présents au départ de Mme Prudent mais je ne veux pas polémiquer. Il y a un temps pour le débat, ce sont les élections, et un temps pour l'action, je ne confonds pas les deux. Le plus important, c'est notre budget qui fait preuve d'une vraie volonté de gérer au mieux l'argent public ».
Le député UMP, Bernard Depierre, ne fut pas tendre vis-à-vis de « Dijon qui ne tient plus compte des règles et des usages en vigueur dans le cadre de la politique territoriale ». Le conseiller général UMP de Dijon VI, François-Xavier Dugourd, s'en est pris directement à François Rebsamen : « Quand on voit qu'il est resté une heure aux débats durant ces 3 jours, on peut se demander s'il y a encore un conseiller général à Dijon V ». Le président de la commission des finances, Christian Myon, a lui aussi glissé : « Il est surprenant que des personnes qui prônent la démocratie participative ne participent à rien ! » L'opposition a retrouvé de la voix lors d'une conférence de presse qui a suivi. Pour montrer que l'instant était important, ils étaient pratiquement tous présents autour de Jean-Claude Robert pour expliquer leur silence : « Par ce biais, nous avons voulu montrer que leur boycott de vendredi était une position minable, pitoyable et méprisable pour les maires du Département », a fustigé le conseiller général PS de Gevrey-Chambertin, non sans se pencher sur le budget : « Le président du conseil général regarde la situation économique et sociale avec des lunettes bleues.
La situation est extrêmement inquiétante pour les plus démunis et, dans le même temps, le président diminue le budget à cette population alors que nous, c'est notre priorité ».
Le président du conseil régional, François Patriat, a également dénoncé « l'artifice de discours et l'incohérence de gestion ». Non sans ajouter : « Dans l'esprit de ces gens-là, la gauche n'est pas légitime ». Quant à Fernand Mousseron, il n'a pas dissimulé sa colère : « Vendredi, je devais présenter le dossier sur le SDIS. Ils ont fouillé mes papiers et subtilisé le rapport avec des notes personnelles. C'est inadmissible et j'attends réparation ! » On l'a bien vu, Amélie Nothomb a raison : « Le silence est véritablement plus tapageur que tout ! » ! Surtout lorsque l'on reprend la parole après. 

Un budget de 491,4 M€
C'est un budget primitif en hausse de 5,61 % par rapport à l'année précédente qui fut adopté lundi. Hors gestion active de la dette, celui-ci atteint 491,4 M€, dont 239,2 M€ consacrés à la famille et à la solidarité, 106,8 M€ à l'aménagement et l'animation du territoire, 69,9 M€ aux jeunes, 62,5 M€ aux moyens d'administration et de gestion financière et 13 M€ au soutien direct à l'économie. En fonctionnement, il s'élève à 370,7 M€ et, en investissement, à 120,7 M€. Les moyens d'investissement représentent 40,6 M€ pour les aides aux communes et aux tiers et 71,6 M€ pour les projets en maîtrise d'ouvrage départemental. Le conseil général s'engage sur 3 à 5 ans dans la réalisation de grands projets pluriannuels représentant un stock à financer de 207,5 M€. Quant au produit de fiscalité directe pour le financer, il est estimé à 163,4 M€.

Xavier GRIZOT - "Le Bien Public"
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