Quand le textile chinois menace l'insertion professionnelle

 A l'origine, 35 personnes œuvraient à la remise en état des articles collectés et préparaient les livraisons en magasins (photos BP-LD)
A l'origine, 35 personnes œuvraient à la remise en état des articles collectés et préparaient les livraisons en magasins (photos BP-LD)
 Grâce au SDAT, les vêtements sont générateurs d'emplois
Grâce au SDAT, les vêtements sont générateurs d'emplois

La Société dijonnaise de l'assistance par le travail œuvre quotidiennement pour l'insertion sociale et professionnelle de personnes en difficulté. Mais depuis un an, son activité « Vêtementerie 21 » a chuté de 35 à 25 postes d'insertion. En cause : l'afflux de produits textile chinois à moindre coût.

«O N a beau réfléchir, chercher des solutions, on ne voit pas trop ce que l'on peut faire. »
C'est un véritable appel à l'aide que pousse Malika Gauthié, coordinatrice de l'activité « vêtementerie 21 » au sein la société dijonnaise de l'assistance par le travail (SDAT'Entreprise).
Cette association, reconnue d'utilité publique, a imaginé en 1991, avec la collaboration du Secours catholique et la communauté d'Emmaûs de Norges-la-Ville, la création d'un chantier d'insertion par le vêtement.
35 emplois à l'origine
« Les vêtements que donnent les gens au Secours catholique par exemple sont générateurs d'emplois. Il y a par exemple cinq personnes, formées au poste de chauffeur et de manutentionnaire qui effectuent des tournées 7 jours sur 7 pour récupérer les vêtements auprès des dix containers installés dans l'agglomération dijonnaise. Ils rapportent ensuite ces habits dans notre centre de tri ou à l'origine, nous avions 35 personnes qui œuvraient à la remise en état des articles collectés et préparaient les livraisons en magasins », explique Malika Gauthié.
Des ventes en chute libre
Car l'idée de la SDAT va plus loin que la simple collecte. « Toujours dans l'idée de contribuer à l'insertion sociale et professionnelle, nous avons créé des magasins, sous l'enseigne « 1 000 sapes », dans lesquels nous revendons ces vêtements à moindre coût.
Chaque boutique compte 4 postes d'insertion et un responsable. Ces magasins fédèrent vraiment les gens car ils permettent aux personnes ne bénéficiant que de ressources faibles de s'habiller très correctement à très bas prix », ajoute Malika Gauthié.
Malheureusement, depuis un an, toute l'activité est en péril. L'afflux des produits chinois sur le marché de l'habillement, depuis la levée des quotas le 1er janvier 2005 par l'Union européenne, a eu de graves conséquences sur la SDAT.
De 35 postes d'insertions, la « vêtementerie 21 » est passée à 25 postes. Deux des quatre magasins ont dû fermer leurs portes.
« Il ne reste que les boutiques de Châtillon-sur-Seine et de Talant. Nous n'avons pas pu conserver celles de Chenôve et des Grésilles. » « Pour la seule année 2006 nos ventes se sont écroulées de 50 %. Le problème c'est que les gens préfèrent acheter des produits chinois de moindre qualité, mais peu chers et neufs », ajoute Gérard Delorme, directeur technique à la SDAT'Entreprise.
Des containers qui dérangent
L'association cherche toutefois des solutions afin de préserver les 25 emplois restant : « Il faut continuer à aider ces gens. Ce sont des chômeurs qui sont dans les minima sociaux et qui connaissent des difficultés à effectuer leur retour à l'emploi ».
Des demandes à l'international
« Actuellement nous avons des demandes d'associations internationales et locales pour nous acheter des vêtements. Cela pourrait nous permettre de limiter la casse. Mais pour cela il nous faudrait une vingtaine de containers pour collecter les vêtements dans Dijon », ajoute-t-il.
Une idée qui ne semble pas plaire a tout le monde : « Des étudiants de l'École de supérieur de commerce de Dijon nous ont proposé de nous aider afin de convaincre les grandes surfaces et les municipalités d'installer des containers. Aucun n'a voulu ! Et nous avons eu la surprise de voir qu'une autre association châlonnaise a installé des containers dans les déchetteries dijonnaises sans que personne ne nous prévienne alors que cela menace directement les emplois dépendant de cette activité de collecte ».


S. C.-V. - "Le Bien Public"


Pour donner des vêtements, les containers sont clairement identifiés Secours-Catholique-SDAT. Le dépôt peut également directement s'effectuer dans les locaux de la SDAT au 8, rue de Cracovie à Dijon.

 

 


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