Suppression de la journée de carence : une erreur selon F. Sauvadet

L’annonce par Marylise Lebranchu de la suppression de la journée de carence dans la fonction publique a suscité une large levée de boucliers. En tant qu’ancien ministre de la Fonction publique et auteur de cette mesure, je partage cette indignation et cette colère.

L’impréparation de la décision, injuste et contre-productive, était telle que le Premier ministre l’aurait découverte dans la presse ! Il n’est pas acceptable que, sur un sujet qui a un impact aussi fort sur le quotidien des 5,2 millions de fonctionnaires, l’état des finances publiques et le fonctionnement des collectivités, hôpitaux et de l’Etat, une ministre décide seule, sans la moindre concertation avec les autres acteurs publics et sans même consulter le chef du gouvernement !

Carence contre gel du point d’indice

Cette décision est doublement dommageable pour les fonctionnaires. D’une part, elle donne le sentiment qu’ils sont des « privilégiés » au regard des travailleurs du secteur privé, qui doivent assumer trois jours de carence (1). D’autre part, cette annonce n’est que la contrepartie de l’inévitable gel des salaires dans la fonction publique.
Ce gel, comme le ralentissement des perspectives d’évolution de carrière, sont les conséquences de la décision inconsidérée d’embaucher 60 000 fonctionnaires supplémentaires dans l’Education nationale et d’en faire peser le coût sur les autres ministères et fonctions publiques (2). Une hausse des bas salaires aurait été plus juste, plus efficace pour le pouvoir d’achat et mieux acceptée par l’opinion. (3)

Cette décision représente un double coût pour les institutions publiques et notamment les collectivités. Le gain économique était loin d’être neutre, surtout dans un contexte de baisse des dotations et de hausse des charges. Dans mon conseil général, l’économie réalisée était estimée à 180 000 euros par an.
Pour l’ensemble des collectivités publiques, le coût devrait être de 250 millions d’euros. Il faut ajouter le gain implicite réalisé par la diminution constatée des absences de courte durée.

Madame Lebranchu ferait bien de revenir sur sa décision et de conduire une large concertation avec tous les acteurs concernés afin de proposer une mesure plus juste qui bénéficiera aux fonctionnaires et aux collectivités. Mais pour cela, il faudrait un programme plus imaginatif que la destruction de ce qui a été fait auparavant ! (4)

 

(Source : La gazette des communes)


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(1) C'est oublier que 75 à 80% des salariés du privé ont leurs jours de carence pris en charge !

(2) Rappelez-nous depuis quand le gel du point d'indice est en vigueur ?...

(3) L'augmentation des cotisations retraites a effectivement amélioré le pouvoir d'achat des fonctionnaires...

(4) En décidant une hausse de 14% (bases comprises) de la taxe foncière sur les propriétés bâties en Côte d'Or, vous faites également preuve d'une imagination débordante et vous favorisez le pouvoir d'achat des côte-d'oriens !

 

 


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