logo-unsa-libres.gif2010 : un tour de vis, pour qui ?

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La couleur est annoncée. L'année 2010 sera celle où la France doit « se replacer dans une trajectoire vertueuse, après dix-huit mois où les déficits et la dette ont bondi » dixit le Premier ministre, le 14 janvier dernier.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Pour 2010, le montant du déficit budgétaire (135 milliards d'euros) sera de 8% du PIB et la dette publique sera proche de 85% (1 457 milliards d'euros). Et ce, alors même que le gouvernement vient d'accepter le calendrier de la Commission européenne prévoyant un retour du déficit sous la barre des 3% du PIB à l'horizon 2013.

Le tour de vis qui se prépare sera donc terrible. Mais pour qui ?

Pas pour les traders ou tous ceux qui baignent dans le monde de la finance. Pour eux, l'histoire se répète et la spéculation va bon train. Après avoir plongé le monde dans la pire crise financière de l'après-guerre, ces financiers incompétents et voraces vont crouler à nouveau sous des masses de dollars et d'euros. Aux Etats-Unis, les cinq plus gros établissements bancaires ont déjà provisionné pour plus de 62 milliards d'euros pour rémunérer leurs équipes et les menaces d'Obama n'y changent rien. En France, même si les sommes en jeu ne sont pas du même ordre, on annonce que les traders employés à Paris par les banques françaises vont quand même se partager 1 milliard d'euros, soit ce que touchent 62.000 personnes payées au SMIC pendant un an.

Ces profits réalisés en 2009 l'ont été - faut-il le rappeler - parce que de nombreuses banques ont été sauvées de la faillite par les pouvoirs publics et donc par l'argent des contribuables.

Et si le discrédit moral qui frappe le monde de la finance est total, l'impuissance des gouvernements à les faire rentrer dans le droit chemin est encore plus grave au vu des sacrifices qui vont être demandés.

Un tour de vis pour qui alors ? Pour tous ces salariés qui ne voient pas leur salaire bouger depuis des années et à qui on explique, que, compétitivité des entreprises oblige, il faut se serrer la ceinture quelque temps encore ?

Un tour de vis peut être pour ce million de chômeurs de longue durée qui au cours de l'année 2010 va basculer en fin de droits ?

Un tour de vis pour les 1,6 million de salariés payés au SMIC ? Ou pour les assurés sociaux qui ont déjà supporté une augmentation du forfait hospitalier et de la prime payée aux mutuelles, pour celles et ceux qui en ont une ?

Un tour de vis pour les futurs retraités qui vont voir leur retraite automatiquement amputée si comme on le pressent, l'âge légal était reporté au-delà de 60 ans ?

Un tour de vis pour les fonctionnaires dont la RGPP – appliquée en dépit du bon sens comme vient de le confirmer un récent rapport de la Cour des Comptes- et le dogme du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux viennent dégrader les conditions de travail ?

Le Président de la République annonce une rencontre le 15 février avec les partenaires sociaux. Ce sera le moment de lui dire que les victimes de la crise ne peuvent pas être aussi les victimes de « l'assainissement » des comptes.

Alain OLIVE, secrétaire général UNSA

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